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Decembre 18, 2022
Auteur: Pierre Ludosky - Président de Survivre à l'insécurité
Rédactrice: Clara Foures - Etudiante en psychologie
Questions fondamentales

‌Quelle est la réaction d’une personne à la découverte du développement du syndrome de Diogène chez quelqu’un de son entourage proche ?

Découvrir qu’une personne de notre famille ou qu’un.e de nos ami.e.s a développé le syndrome de Diogène est une situation qui peut arriver à tout le monde. Néanmoins, nous n’y sommes généralement pas préparés. Il est toujours difficile d’apprendre que quelqu’un qu’on aime souffre, et en plus, en silence, sans nous en parler. Les réactions que ce type d’épreuves engendre sont variées et diffèrent en fonction des personnes. Cependant, on peut constater que dans les cas en rapport avec le syndrome de Diogène, les proches de la.du patient.e ont des comportements similaires et partagent les mêmes émotions.

Tout d’abord, la personne va être sans voix, elle va rester en silence. En effet, au moment de la découverte de la situation, il est normal de passer par cette étape. Il s’agit d’un moment de réalisation pendant lequel l’ampleur de la souffrance est mesurée. Cela peut s’avérer compliqué pour la.le proche du patient Diogène puisqu’elle.il doit faire face à cette information qui peut la.le choquer, la.le chambouler ou encore l’émouvoir. De nombreux mécanismes psychiques rentrent en jeu et conduisent à de multiples questionnements et émotions. Ces questions peuvent être diverses et ne se posent pas dans le même ordre chez tout le monde. Nous allons donc suivre un cheminement de pensées qui est commun mais pas universel.

La première question est celle liée au mode de vie. La personne proche de la.du patient.e va commencer par se demander comment l’autre peut vivre de cette façon. Cette pensée découle souvent d’une projection, c’est-à-dire d’un déplacement de son monde psychique vers le monde qui nous entoure. En effet, dans ces cas, l’entourage de la personne touchée par le syndrome de Diogène a son idée du mode de vie acceptable et sa conception du foyer accueillant. Il va donc projeter ces éléments vers ce qu’il voit de cela chez la.le patient.e. Ce mécanisme n’est pas malveillant en général même s’il s’agit d’un jugement. L’objectif final est de comprendre la souffrance de l’autre qui s’exprime à travers ces symptômes.

La question qui suit la première est souvent celle qui concerne le fonctionnement du syndrome. La compréhension de la cause des symptômes est nécessaire pour les proches de la.du patient.e. En effet, il est important pour l’entourage d’avoir une explication pour se mettre à la place de la personne touchée par le syndrome de Diogène. Aider les proches à connaître le trouble est un point essentiel puisque cela permet de développer leur empathie. De plus, ces connaissances pourront faciliter leur participation à l’accompagnement de la.du patient.e et, ainsi, éviter au maximum les possibles rechutes.

Suite à la compréhension des symptômes et de leurs causes, il est probable que la personne de l’entourage ne conçoive pas que la.le patient.e ne l’ait pas prévenu.e et ne lui ait pas demandé.e de l’aide. Cette étape est fréquente puisqu’elle questionne le lien entre les deux personnes. Pour l’entourage, il est incompréhensible que la.le patient.e Diogène n’ait pas fait appel à ses proches pour exprimer son mal être. De plus, cela est souvent vécu par l’entourage comme un manque de confiance de la part de la personne atteinte du syndrome. Cette impression porte donc atteinte au narcissisme individuel conceptualisé par Freud, c’est-à-dire l’amour que l’on a pour soi. En effet, les proches peuvent être blessés de l’apprendre de cette façon. Néanmoins, il est important de comprendre que, pour la personne touchée par le syndrome de Diogène, il est psychiquement impossible de faire cette démarche, notamment à cause de la honte. Il faut donc expliquer cette incapacité à la famille et aux ami.e.s tout en accueillant leurs émotions et questionnements qui sont également légitimes face à cette situation.

Par la suite, les proches vont avoir tendance à se culpabiliser et blâmer leurs comportements. En effet, c’est une étape qui apparaît dans la majorité des cas. L’entourage va s’en vouloir de ne pas s’être déplacé plus tôt, de ne pas avoir appelé davantage ou encore de ne pas avoir demandé de nouvelles assez régulièrement. Cette culpabilité découle de l’impression d’être responsable de la situation parce que l’on a mal agi ou que l’on a raté quelque chose. Pourtant, dans le cas du syndrome de Diogène, la famille et les ami.e.s ne portent pas la responsabilité du trouble. On ne cherche donc pas à trouver un fautif à accabler puisqu’il a des causes multifactorielles. Et si l’entourage a un lien avec le développement du syndrome, il est nécessaire pour les personnes concernées de se pardonner. Ainsi, accompagner les proches de la.du patient.e Diogène est un point nécessaire pour libérer leur culpabilité et les aider à excuser certains de leurs comportements.

Enfin, il est possible que l’entourage reste dans l’incompréhension de la situation. En effet, ce syndrome n’est souvent pas visible au premier abord puisque la personne qui en est atteinte semble aller bien. Cela pose donc des questionnements chez les proches : « Pourquoi est-ce que je n’ai rien remarqué quand nous sommes allés au restaurant, au parc ou au cinéma ? Elle.Il m’avait l’air d’aller bien. ». Cette impression n’est donc pas rare chez la famille et les ami.e.s de la.du patient.e. Néanmoins, il est essentiel que l’entourage comprenne grâce à l’accompagnement que le syndrome de Diogène est un trouble complexe qui est difficile à détecter et à diagnostiquer.

Pour conclure, on constate que les questionnements et les émotions de la famille et des ami.e.s, suite à la découverte du développement de ce syndrome chez quelqu’un de proche d’eux, sont souvent similaires. En effet, la réaction qui en découle se compose d’incompréhension, de culpabilité mais aussi d’empathie. Pour accompagner la.le patient.e, il est nécessaire de travailler également avec son entourage. Il faut donc libérer les nombreuses questions et les émotions négatives des proches pour qu’ils puissent soutenir la personne touchée par le syndrome de Diogène dans sa voie vers la guérison.